Partie du fond des brumes, « LA DERNIÈRE FLÈCHE » se fiche dans le paysage le 2 novembre. En quatre chansons et un sifflotement, le crooner new wave exprime son désenchantement face à un monde absurde qui laisse, littéralement, sans voix. Comme un chant du cygne, ou un signe des temps.
Découvert avec l’album « LE MONDE ENTIER » et son hit-single « Lente dépression » (600 000 vues sur Youtube), Arne Vinzon avait créé le buzz en 2011 par sa manière unique de marier tragédie existentielle et légèreté pop, cold-wave et autodérision, pleurs et danses binaires. En 2013, il trompait son monde en faisant succéder à cet album plein d’audaces et d’humour, « LES BELLES STRUCTURES », amer constat de désillusion, tentative de fuite hors de la terre et de la réalité, en avion, en bateau, ou dans une voiture qui filait dangereusement sur les routes de Normandie. Aux otaries du bois de Vincennes succédait la vision désespérée d’un monde violent et cynique, l’imprudence de Bashung et la mélancolie technoïde remplaçant les jeunes gens modernes et autres Partenaires Particuliers.
Cinq ans plus tard, le constat se fait plus rude encore, en parfait reflet des petites apocalypses personnelles qui font la grande apocalypse générale. Arne Vinzon continue d’y siffloter, mais de « Là-haut sur la montagne » (piste n°3) comme déjà détaché de la pesanteur terrestre, en oiseau messia(e)nique annonciateur des grands silences à venir. Un oiseau qui n’a plus le courage de chanter, dans le vent glacé, c’est un peu comme un fonctionnaire démissionnaire ou en disponibilité, demandant à son administration de « « Noter (s)on absence » (sur le morceau introductif, « Je n’accroche plus »).
Mais c’est aussi ainsi qu’il sublime une tragédie bien commune, et c’est là toute la beauté de cette « dernière flèche » : s’affranchir un instant de la gravité pour toucher le cœur de cible que constitue ceux qui, par défaut d’adhérence, ou d’adhésion, fuient vers de lointaines exo-planètes à coloniser (« Kepler 452B »), ou se replient au fin fond de la nature sauvage (« Jeremiah Johnson »), ou, encore, plus simplement, disparaissent à l’intérieur d’eux-mêmes, fermant les yeux, les oreilles et la bouche, comme « Les trois singes » (piste 5) de la sagesse asiatique, devenus en 2018 les émoticônes digitaux de la pudeur et de l’effacement.
Portée par des rythmiques electro minimales et des nappes synthétiques détunées, la voix aussi grave que fragile d’Arne Vinzon, tel un Major Tom des territoires intérieurs, se réduit, comme le langage, de la lamentation à la simple respiration, jusqu’au dernier souffle, et un point final. Et dans le grand streaming et les petits clouds, c’est comme un oiseau qui chante sa dernière mélodie. Il convient de rendre hommage à ce testament, qui n’est pas celui d’un seul, mais celui de tous. Et d’imaginer ce qui viendra ensuite. La nuit est encore jeune.
« Noscere, audere, velle et tacere »
WILFRIED PARIS
credits
released November 2, 2018
Chansons composées et interprétées par Arnaud Vincent.
Mix : Stéphane Argillet
Masterisé par Gabriel Séverin au Laboratoire Central, Bruxelles
Peintures : Arnaud Vincent
Graphisme : Sylvie Astié
Merci à :
Jean-Baptiste Ganne, Kevin Domenech, Matthieu Devos,
Alexandre Geindre, Éric Martin & Bertrand Arnaud.
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